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Opérée en février, elle comprend dès mars que la première équipe médicale n’a pas retiré l’intégralité de la tumeur. Soit elle pénètre le tunnel d’un traitement lourd en espérant que cela suffira, soit elle y retourne…
Valérie, quinquagénaire longtemps coach sportive et guerrière dans l’âme, choisit la deuxième option : « je viens de voir échouer la démarche d’une grande équipe, il me faut maintenant trouver la bonne équipe ».
La première fois, c’est la réputation qui a joué.
Cette fois, elle s’enquiert différemment, interroge ses relations… et rencontre l’oncologue
qui présente à ses yeux le bon alliage d’excellence et d’écoute. Il parle clair et il a une bonne nouvelle : on va enlever ce qui reste car il faut l’enlever, mais on va surtout refaire
son sein immédiatement. « La même minute, j’intègre l’idée que je vais être amputée et reconstruite ». Il l’avertit que le choix du chirurgien en reconstruction est affaire de feeling.
Ce qu’une mauvaise première expérience, froide et quasi-technologique, va confirmer.
Prochaine sur la liste, Muriel. Valérie insiste sur l’état dans lequel elle se rend à ces rendez-vous. « Au beau milieu du désert, sans savoir quoi faire. Tout est nouveau, j’ai eu des entorses ou des fractures, mais rien ne vous prépare à un cancer ». Elle marque une pause et précise « c’est un mot que je n’entendrai jamais dans la bouche de Muriel ». Le fameux feeling est là.
« Muriel dédramatise tout. Elle rassure. Elle dit ‘oui c’est grave et oui ça va aller mieux’.
Je ressens une très grande maîtrise mais elle sait surtout transformer le médical en relation humaine, presqu’affective. Je ne veux pas dire maternelle mais ça m’y fait penser, c’est chaleureux, c’est là, de manière constante ». Valérie se sent également frappée par une évidence : « Quand une femme parle de son sein à une autre femme, l’autre femme ne peut que ressentir. Quand je dis que ça tire ici ou quand j’évoque l’absence de mon mamelon, pour elle ça n’est pas seulement clinique ». Cette empathie, ce ressenti, cette compréhension de « la manière de vivre avec » vont guider Valérie tout au long d’une relation qui démarre instantanément. Elle s’est documentée, elle sait quelle technique elle va choisir. « Je n’ai pas opté pour le dorsal : je vais être amputée devant, je ne veux pas l’être derrière. Muriel a argumenté, notamment sur la souplesse et la qualité du résultat, mais elle a parfaitement accepté mon choix ». Celui de la prothèse simple, sans intervention esthétique additionnelle. « Je veux que mon sein copie son voisin, je ne suis pas du tout dans la logique de m’offrir une nouvelle paire ! ».
« Oublier la dramaturgie de la maladie »
La double opération est programmée mi-mai 2019. Valérie persiste dans la hargne guerrière.
Elle qui refuse la morphine a un mal fou à rester immobile. Or c’est indispensable.
« Muriel vient me voir et me dit que je suis un lion en cage et qu’elle va devoir m’attacher ! ».
Et Valérie comprend.
Elle apprécie la présence quotidienne de sa chirurgienne qui « sait faire oublier la dramaturgie,
le côté grave de la maladie. Avec elle, rien n’est inquiétant, tout a une solution. Ça devient simple, ça devient faisable. Elle m’apporte de la légèreté ». Il y a parfois du boulot :
« Il m’est arrivé de voir un truc bizarre dans mon miroir, à 7 h du matin, de lui envoyer la photo.
Elle m’a répondu dans le ¼ d’heure ».
Dès 2019, Muriel avertit Valérie : il sera possible de faire des retouches, et il est possible que ça soit souhaitable car les cicatrices sont vivantes, chaque corps réagissant à sa façon.
Trop tôt pour être audibles, les mots glissent. C’est début 2022 que Valérie se dit qu’elle n’est pas satisfaite. Elle retourne voir Muriel. « Quand je lui ai montré mon sein en disant que je ne le trouvais ‘pas terrible’, elle a ajouté ‘ah ouais, il est moche, on refait’ » sourit la patiente. « On l’a refait, et il est magnifique ». Cette fois, en février 2022, l’intervention est légère, en ambulatoire, contrastant avec la lourdeur du parcours complet initié 3 ans plus tôt. Depuis la retouche, « c’est comme si ça n’avait pas existé. C’est important de se regarder dans la glace, d’être regardée par son mari, de mettre des maillots de bain et des décolletés ».
Valérie a des mots forts.
Après avoir évoqué « l’amputation », elle parle de
« l’opération identitaire ». Parce qu’il ne s’agit pas d’être opérée de la hanche, parce que « le sein est identitaire et qu’en avoir deux, c’est la norme ».
Et pas question d’opter pour « les solutions rembourrées : c’est du faux, du camouflage ».
« Là, j’ai presque un vrai corps », résume-t-elle avant de conclure, en guise de recommandation, que « pour le confier, il faut de la confiance et un objectif, un résultat au bout ».
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