Le récit et le visage : Louisa

Un pacte de femmes

Christine a toujours eu peur du monde médical

J’ai eu un cancer du sein en 2007 et une récidive du même type de cancer en 2016, qui va conduire à une mastectomie du sein droit. A ce moment-là, mon chirurgien le Dr Bourgeois, me dit : « On risque de vous enlever le sein, nous n’avons pas le choix. Mais il y a une bonne nouvelle, c’est que je vais vous mettre en relation avec ma consœur Muriel Perrault pour penser très vite à la reconstruction. Tout va bien se passer ».

J’entends à peine ces derniers mots. D’un coup ma vie a basculé. Pourquoi moi ? comment faire face à un deuxième cancer ? Où trouver la force de m’en sortir ? Je suis anéantie par cette nouvelle épreuve, je pleure des jours durant.

Très vite, je suis gagnée par des questions existentielles. Et je comprends que je vais rejoindre une communauté de destin de femmes, celles qui sont en quelque sorte « mutilées ».

Le temps des questions

Un cancer du sein avec mastectomie, cette séquelle visible, change une vie.

On traverse toutes sortes d’émotions. Le corps, qui ne fonctionnait déjà plus si bien depuis le premier cancer, devient un ennemi.

On pense tout de suite aux cicatrices inévitables, et les questions fusent : comment vais-je vivre sans sein ?!

Vérité, confiance, liberté :
j’ai choisi la teneur de cette relation de femmes que je vais nouer

Vis-à-vis de soi-même et de son entourage, y compris professionnel, s’impose une situation nouvelle et la question de la vérité sur son propre avenir. Qu’est ce qui va m’arriver ?

Est-ce que je conserve encore une forme de liberté dans tout ça ?

Il me reste celle d’être en confiance, de comprendre ce qui se passe…

Vérité, confiance, liberté : j’ai choisi la teneur de cette relation de femmes que je vais nouer avec la plasticienne. Le Dr Perrault a eu immédiatement avec moi un discours de vérité, très didactique. Et si ça n’avait pas collé avec elle, j’aurais exercé ma liberté de changer de chirurgienne

Un pacte de femmes

Il y a au moins un peu de chance et de bonheur dans tout ça : la chance qui me met dans ses mains expertes, et le bonheur que je vais y trouver.

Elle va m’aider à rendre cette épreuve plus facile.

Avec elle, c’est la vie qui me sourit à un moment où tout est sombre et triste : elle va sauver mon décolleté et cette féminité que je pensais perdre. Je trouve mes seins encore plus beaux aujourd’hui.

La première consultation est paradoxalement un très bon souvenir.

C’est une rencontre, avec toutes les interrogations de la nouveauté. Je découvre son sourire communicatif et chaleureux, je fais la connaissance de quelqu’un qui dit les choses et va droit au but Elle a compris que c’est ce dont j’ai besoin, un langage clair et honnête, de grande vérité. .

C’est comme si on signait un pacte, je sors de la consultation en me disant qu’à nous deux on va y arriver

Avec tact, intelligence et bienveillance, elle dédramatise ce qui se joue dans ma vie de femme. Elle met des mots simples et efficaces sur le déroulé de l’opération et les étapes du parcours de soin. Je sais précisément comment les choses vont se passer. C’est comme si on signait un pacte, je sors de la consultation en me disant qu’à nous deux on va y arriver.

Une affaire de famille

Tout naturellement s’organise autour de moi un entourage et des proches qui me soutiennent, mais aussi une famille de médecins : de l’annonce de la mastectomie par Didier Bourgeois à ce rendez-vous chez Muriel Perrault, j’ai droit à une prise en charge incroyable, par un binôme d’exception, complice et efficient. Ils vont se montrer pédagogues et pro, sans jamais montrer ni de commisération ni de feint enthousiasme.

Ils vont permettre que je vive la maladie non pas comme une sanction mais comme un accident de la vie, un accident cellulaire. Cela va me conduire tout droit vers la guérison.

En réparant mon corps abîmé, ils vont permettre que se répare mon âme affaiblie, que je me réconcilie avec moi-même. Le chemin n’a pas été facile mais le Dr Perrault l’a éclairé.

Elle m’a donné les mots, la force, l’énergie nécessaires pour m’en sortir.

A toutes celles qui…

Chercher ou trouver naturellement les bons médecins, c’est essentiel. Il faut être en confiance, avoir un contact humain de qualité, pouvoir poser toutes les questions, être à l’aise, oser leur parler sans gêne. Je crois à ce partnership, il est déterminant en pareilles circonstances. Après m’avoir faire comprendre que la technique chirurgicale serait maîtrisée, le Dr Perrault m’a donné la force de vivre et d’y croire. Et, après l’intervention,

son implication et son empathie m’ont protégée d’un sentiment d’abandon thérapeutique. Une bonne équipe médicale aide les femmes à passer le cap, à le rendre surmontable.

Il ne faut surtout pas négliger la reconstruction, qui n’a rien d’accessoire.

Réparer n’est pas futile et ce serait une erreur de croire que le plus important est d’avoir soigné la tumeur

Réparer n’est pas futile et ce serait une erreur de croire que le plus important est d’avoir soigné la tumeur. La reconstruction m’a apporté une bienveillance à l’égard de moi-même. Blessée par la maladie, je suis aujourd’hui forte de cette expérience. Moi c’est carrément la vie qui m’a souri, j’ai bénéficié d’une vraie richesse humaine, je me suis sentie unique et importante aux yeux de ma chirurgienne. Entrée dans son cabinet avec sur les épaules l’angoisse d’être mutilée, j’en suis sortie avec le sourire et la certitude d’être en de bonnes mains, celle d’un médecin humaniste qui sert au quotidien la sororité.