- +33 1 56 90 03 43
- cabinet.shalvi@gmail.com
- Lundi - Vendredi : 9h30 - 18h00
Le 18 janvier 2022 aurait dû être un jour faste pour Delphine : son mari vient de recevoir des résultats médicaux rassurants après quelques mois de traitement angoissants.
Mais un destin cruellement farceur a choisi ce même jour pour trouver à Delphine un vilain truc au sein gauche. Sa gynéco tenant depuis des années à ce qu’elle ait une mammo par an, l’information tombe mal mais elle tombe à temps : ce cancer, s’il présente un grade élevé de nocivité, est identifié à un stade précoce en plus d’être très localisé.
Un bien pour un mal
« J’ai rapidement vu l’oncologue. Il a évoqué la difficulté de savoir avant l’intervention l’étendue de ce qu’il fallait retirer. J’ai répondu de ne pas hésiter à en enlever ! Il a compris et m’a parlé de reconstruction immédiate, de bosser à 4 mains avec une chirurgienne plasticienne ». Au fil des ans, Delphine a en effet vu grossir et s’élargir une poitrine qui est devenue un complexe. « J’ai pris de la poitrine à chaque enfant, dit cette maman de deux grands garçons et une fille de 14 ans, et la ménopause en a remis une couche ».
Depuis 6 ou 7 ans, c’est devenu une douleur dorsale et un complexe. « Je me suis posé la question d’une opération, mais je n’avais ni le temps ni les moyens. Et un peu peur aussi. Avec ce cancer du sein, ça a fait tilt : si on doit m’enlever une saleté, j’en profite, je transforme un mal en un bien ».
Le rendez-vous est rapidement pris. Un timing qui surprend Delphine : entre les résultats de la biopsie début février et la première rencontre de Muriel, deux semaines seulement se sont écoulées. « Elle se montre claire, pragmatique, factuelle et professionnelle.
Des explications, des photos. Pas vraiment dans l’empathie mais ça me va bien, à ce moment-là de mon parcours. Elle me refroidit même un peu quand elle m’annonce qu’on n’en enlèvera pas autant que je le crois, pour que ça reste cohérent et harmonieux avec ma stature ».
Le jour de l’opération, Delphine souffre d’une vilaine chute à ski, elle est arrivée à la clinique pliée en deux. Or Muriel va l’opérer dans une position assise qui lui est douloureuse. C’est pourtant un bon souvenir : « l’anesthésiste s’est mis à chanter. Puis l’oncologue et la plasticienne se sont bagarrés pour dessiner sur mon torse.
J’étais à un cours de chant et de dessin. Tout ça m’a donné l’impression d’une grande décontraction, d’une habitude de bosser ensemble ». Le lendemain, les deux praticiens passent la voir.
L’oncologue a une bonne nouvelle : le ganglion est négatif. Muriel est détendue et cash, presque trop pour Delphine qui se sent K.O. et aurait bien dormi sur place.
Quand 10 jours plus tard, elle lui retire les fils, même impression. « Muriel dédramatise volontiers. Je trouve ça cool et pro, mais parfois ça peut être un peu direct ». C’est dit !
Les suites ne sont pas douloureuses (celles de la chute à ski le sont bien plus !), ce qui surprend Delphine « vu la nature de l’opération, on s’attend à souffrir. Je n’ai pas cru Muriel quand elle m’a promis que je n’aurais pas mal ». C’est donc réconciliée avec sa poitrine que Delphine reçoit une radiothérapie. L’inverse aurait été impossible, on ne reconstruit pas immédiatement après ce traitement.
En 2019, Delphine a quitté, éreintée, le métier et le milieu des médias où elle a passé l’essentiel de sa vie professionnelle.
Après un diplôme de gemmologie, elle crée Baladine Joaillerie. « Je travaille avec des pierres fines, en m’attachant à les mettre en valeur dans des montures sobres, au service de la pierre. J’aime travailler sur mesure, avec des artisans qui ont la même philosophie, j’aime procurer du bien-être à mes clientes ».
A l’orée de cette deuxième vie, le cancer a été « une baffe. J’ai perdu des amies que le cancer m’a enlevées sauvagement. Je me suis dit qu’il fallait vivre, que le temps passait ». Il fallait surtout que Delphine se donne le droit de s’écouter. « La maladie a débloqué quelque chose. Je pense que je n’aurais jamais sauté le pas. Je ne me serais pas autorisée à faire une réduction mammaire, j’aurais attendu que ça soit devenu invivable. Or je me trouvais moche dans la glace et j’avais mal au dos. Ça commençait à me peser, au propre et au figuré ». Une belle et grande décision qu’on prend sous un torrent de sales nouvelles, un diamant dans la boue, voilà ce que l’aventure aura représenté. Un bienfait persistant : « quand je vois mes cicatrices, je ne pense pas cancer. Ce ne sont que les cicatrices de la chirurgie de Muriel ».
LUNDI au VENDREDI 9H30-18H00