Le récit et le visage : Stéphanie

Stéphanie, sa guerre et la victoire

Début 2019, la vie de Valérie bascule : cancer du sein

En juin 2019, Stéphanie se voit diagnostiquer un cancer du sein.

Son chirurgien oncologue Didier Bourgeois évoque deux possibilités : enlever la tumeur et suivre une radiothérapie, ou procéder à la mastectomie, avec la possibilité d’une reconstruction immédiate.

Stéphanie choisit cette seconde option et le docteur appelle devant elle sa consœur Muriel Perrault. « C’est le premier moment où je me sens rassurée. Le Dr Bourgeois a compris qui j’étais, il me dit ‘vous allez voir, ça va fonctionner’. Il a raison ».

L’idée c’était de rencontrer des médecins qui soient dans la même dynamique que nous

Stéphanie et son mari, qui l’accompagnera à tous les rendez-vous, sont sensibles à cet esprit d’équipe. « On est venu en équipe, plus que mon mari, c’est mon partenaire.

L’idée c’était de rencontrer des médecins qui soient dans la même dynamique que nous. On a eu la chance, du premier coup, de trouver ce staff ».

Dessein, dessin, des seins

C’est « la trouille au ventre » que le couple arrive au rendez-vous. Muriel leur présente les options, à nouveau il faut choisir. Stéphanie, pour qui l’enjeu de cette bataille est éminemment esthétique, appréhende de « pouvoir [se] regarder dans un miroir après l’opération ». Elle n’a pas de mal à opter pour la technique du grand dorsal : « j’en garde un souvenir ému. Muriel s’est mise à ma portée avec ses dessins, les mots qu’elle choisit. J’ai pu me projeter. Donc oui, le grand dorsal ça fait peur, mais Muriel m’a fait un très joli dessin que j’ai toujours ! ». Stéphanie s’appelle La victoire et se définit comme guerrière. En l’occurrence une colonelle qui prend les problèmes de manière carrée. « A l’exception du site de Muriel, je ne suis pas allée sur Internet. Muriel est disponible, il n’y a pas de question bête et dans cette configuration, on a 1000 questions à poser, qui surgissent tout le temps parce qu’on a peur. Se dire qu’on peut les noter et appeler son assistante le lendemain matin, c’est précieux ».

On a 1000 questions à poser, qui surgissent tout le temps parce qu’on a peur. Se dire qu’on peut les noter et appeler son assistante le lendemain matin, c’est précieux

Pour Stéphanie, c’est un état d’esprit : « à partir du moment où j’ai des médecins, où ça matche avec eux, je choisis de leur faire confiance. Et de m’occuper du reste.

Je suis sortie de la consultation en me disant qu’il y avait encore à mener le combat contre le cancer mais que pour la partie esthétique, ce n’était plus un sujet ».

Le couple repart avec son dessin et plein de notes qui s’avèrent précieuses : « Je me suis refait le film plusieurs fois. En reprenant nos notes, mon mari m’a remise dans le bon axe, il m’a apaisée. Parfois c’est moi qui l’ai apaisé, avec les mêmes notes ».

« Muriel m’a donné son numéro de portable sur un petit papier car elle partait en vacances avant l’intervention. Je n’en ai pas abusé mais, la veille, j’ai dormi avec ce petit papier sur ma table de nuit, comme un fétiche ». Au bloc, Stéphanie ressent l’effet « bande de potes ». « Il y a Dr Saada, l’anesthésiste qui chante la bossa nova que je lui ai demandée, il y a la complicité entre les deux chirurgiens. Chacun son rôle et Muriel c’est le pilier féminin. Ce sont des moments où tout compte, avec un cancer en toile de fond. Toutes leurs petites attentions, avant, pendant, après, ont un impact ».

Au réveil, « je sens que mon corps a changé. Mais je pose la main sur mon sein : il est là ! ». Stéphanie s’est préparée, avec l’aide d’une sophrologue hypnothérapeute, à gérer seule la douleur. Elle apprécie le protocole de la clinique, qui lui laisse le choix d’une réplique graduée.

Rien ne s’avère nécessaire : « je m’attendais à beaucoup plus handicapant, à de la gêne dans mes mouvements, mais non ».Il y a en revanche cette insensibilité, dans le dos, qui suit le prélèvement. « Je vais suivre une technique que Muriel m’a donnée : je me passe de la crème dans dos devant le miroir pour que le cerveau reconnecte. Ça prend un an pour me cartographier et me réapproprier mes sensations. Ça fait aussi partie de la reconstruction. Elle est tactile et très importante. Encouragés par Muriel, on l’a aussi fait à deux. On sait tout ce que la maladie et l’opération peuvent avoir de conséquences sur un couple, ce genre de « trucs » c’est ultra précieux ».

Deuxième round

Un an plus tard, en juin 2020, Stéphanie choisit de solliciter une mammectomie prophylactique, c’est à-dire préventive. « Je veux qu’il n’y ait pas la moindre possibilité que la maladie touche mon autre sein. J’ai perdu ma maman d’un cancer du sein, dans les années 80. Pas question que je vive la même chose ». 
En bikini, en maillot, je n‘y pense pas et je défis quiconque de me dire que j’ai été opérée. Ça ne se voit pas

Deuxième round des rendez-vous. Stéphanie ressort son dessin et retrouve Muriel. « Je ne suis pas du tout effrayée. Je sais quoi, où, qui et comment ». Le grand dorsal est une évidence, ce jour-là comme deux ans plus tard : « Pour rien au monde je ne reviens dessus.

En bikini, en maillot, je n‘y pense pas et je défis quiconque de me dire que j’ai été opérée.

Ça ne se voit pas.

Je porte aussi des dos-nus, l’été ».

Cette seconde reconstruction lui offre la symétrie et « à 54 ans, une poitrine de jeune nana ! Je crâne à côté de mes copines ». Quand on lui fait remarquer qu’elle ne l’a pas eue dans un paquet cadeau, elle répond « c’est la vie » et tient à ajouter « j’ai été chanceuse ».

Incurable optimiste qui a depuis partagé son expérience et ses recommandations avec d’autres femmes dans la même situation. Parce « la transmission fait du bien ».