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« Dès que j’ai trouvé ma poitrine trop imposante. C’était gênant au quotidien. Pour m’habiller, pour faire du sport. C’est à partir de là que je me suis dit ‘il faut faire quelque chose’.
Et j’ai laissé germer l’idée dans ma tête ». Léa partage sa détermination avec ses parents, qui adhèrent tout de suite et souhaitent seulement qu’elle attende la fin de croissance, que son corps soit bien développé. Un stress en moins !
« Je le cachais, y compris à la maison »
Quand, à 18 ans, elle leur rappelle l’échéance, « Maman a confirmé qu’elle me soutenait mais a demandé à voir mes seins. Elle savait mon mal-être mais, comme tous ceux qui étaient au courant, elle ne les avait jamais vus. Je les lui ai montrés ». « OK, on le fait », c’est tout ce que sa maman exprime. Avec son papa, pudeur père-fille oblige, la conversation arrive plus tard, à l’approche de la consultation.
« Mon papa ne faisait pas forcément attention et moi je le cachais, y compris à la maison. Je mettais une brassière de sport sous mon pyjama, par exemple. Du coup, il n’a pas trop compris, parce qu’il n’avait vu ni mes seins ni mon mal-être. Mais il a été plus étonné que contre ! ».
« Tous deux m’ont soutenue. Papa n’est pas venu à la consultation mais je lui ai montré les dessins de Muriel. Et même mes cicatrices et donc mes seins après. Mais je n’ai jamais réussi à lui montrer avant ». Dès le départ de sa réflexion, Léa sait que ce sera Muriel Perrault. Là encore un stress en moins. Ça prend sa source dans l’histoire familiale : 15 ans plus tôt, sa maman est soignée pour un cancer du sein. Et c’est Muriel qui l’a reconstruite. « Je savais qui elle était dans la vie de maman. Je savais que je viendrais la voir. Pour maman, c’était une certitude de lui « confier » sa fille. Je pense même qu’elle aurait été réticente à tout le projet si elle n’avait décidé dès le départ qu’elle m’emmènerait à Muriel »
Pourtant le temps passe. Léa doit achever sa maturation débutée au lycée. « Ces deux ans ont servi à me préparer psychologiquement ». Pas d’hésitation sur la chirurgie, pas de peur à proprement parler, « plutôt l’attente du bon moment », affirme-t-elle. N’empêche. Au fil de la conversation, on comprend via son soulagement post-opératoire qu’il restait au moins des inquiétudes : « J’appréhendais, j’avais peur qu’on ne m’en enlève pas assez, qu’il y en ait toujours trop, que ça soit toujours tombant. Peur de ne toujours pas me sentir bien. »
Mais la gêne entretient son feu sacré. « Ma silhouette est le symptôme principal. Je suis petite. Il y a l’impossibilité de trouver ce que je veux en soutien-gorge, en maillot de bain, c’est encore pire. Pourtant je ne peux vivre sans soutien-gorge, impossible. Le sport est un rappel permanent. Et puis j’ai comme un sac à dos devant, toute la journée, que je ne sens plus que le soir en m’allongeant »
Léa a bien compris qu’il valait mieux perdre quelques kilos avant l’opération qu’après. Elle s’y colle, avec succès. Ces 10 kilos dont elle se débarrasse sont « un accélérateur de ma décision. Je me retrouve plus mince, non seulement ça contraste avec mes seins trop gros, mais en plus ma poitrine s’est affaissée ».
De l’opération, elle n’a rien gardé qu’une photo : « je me suis photographiée dans la chambre de la clinique pour voir à quoi ça ressemblait ». Elle raconte avoir peu souffert « ça tiraille plus que ça ne fait mal ». Retour à la maison où les parents ont assuré. Tout est prévu et aménagé, surtout son lit où elle va passer l’essentiel des 4 jours qui suivent, dont elle ressort reposée et en forme. Les seins ? « Je les regarde dès que j’arrive à la maison. Leur taille est parfaite, mieux que ce que j’imaginais ». Quant aux douleurs dans le dos, un phénomène étrange s’est produit : elles se sont atténuées dans les derniers jours, à l’approche de l’opération…
« Moi je n’en voulais plus du tout ! je voulais un B, au max un C. Mais le Docteur Perrault m’a dit que j’avais des hanches, des formes, qu’il fallait que le résultat soit harmonieux. Elle a aussi évoqué les risques psychiques de passer du tout au rien. Et m’a promis de réopérer si j’étais mécontente. On est parti sur un bonnet C+/ D ». L’intervention est programmée 4 mois plus tard, fin octobre. La première semaine des vacances de la Toussaint, histoire d’avoir un peu de temps pour récupérer et tout l’hiver pour se faire à sa nouvelle ligne.
« Savoir ce que l’on veut, de l’intérieur »
Léa n’a pas oublié ces 4 ans où elle s’est sentie étrangère à elle-même, mais elle n’y pense plus. « Je vis pleinement, sans contrainte.
J’ai vécu cette décision comme médicale.
Les conséquences esthétiques c’est super, mais j’avais conscience de m’abîmer le dos, je ne sais pas combien de temps j’aurais vécu ainsi ».
Elle évoque le tabou dans son cercle d’amies. « C’est devenu un sujet récurrent avec elles.
L’hypertrophie est courante mais elle est secrète. On apprend à se cacher. D’où l’incompréhension de celles qui n’ont pas ce problème et ne l’avaient pas vu sur moi. Celles qui ont le même problème ont compris, évidemment ». L’une d’entre elles a pris peu de temps après le même chemin. « Je l’ai soutenue car elle était très stressée ». Léa qui assure avoir trouvé de la sérénité dans les témoignages de patientes s’attache à en distiller à son tour. « Il faut penser pour soi. Savoir ce qu’on veut, de l’intérieur. Entendre d’autres femmes permet de déstresser. De ne pas se laisser décourager par la moindre petite contrainte. J’encourage celles qui hésitent. Je parle de la liberté que j’ai trouvée. On pense qu’on change un aspect esthétique, mais on change plein de choses, des habitudes, la confiance en soi ».
Et de conclure fort joliment : « Je ne sais pas si j’ai libéré la parole autour de moi, mais les esprits sûrement. J’y ai semé l’idée qu’on peut résoudre un complexe et le libérer »
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